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VI. Bassirou Diomaye Faye (2024 – …) : une présidence face à d’immenses défis

 

Bassirou Diomaye Faye, cinquième président de la République, élu le 24 mars 2024


2024 (2 avril) : Bassirou Diomaye Faye est investi président de la République. Âgé de 44 ans, il est le plus jeune président de l’histoire du Sénégal et président élu actuellement en exercice en Afrique. Il est porteur d’attentes immenses et pressantes des populations, notamment les franges les plus jeunes, en termes de transparence et de redevabilité de l’État, de progrès économique et de mieux-être social. Il importe de rappeler qu’il s’est présenté à l’élection présidentielle suite à l’empêchement politico-judiciaire, par le régime sortant, de la candidature du leader de son parti PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) et de l’opposition, Ousmane Sonko. Le nouveau président de la République devra attendre l’échéance d’un délai de deux ans à compter de l’installation de l’Assemblée nationale en place, soit jusqu’au 12 septembre 2024, avant de pouvoir procéder à une dissolution et à la convocation d’élections législatives anticipées (article 87 de la Constitution) dans le but de conquérir une majorité parlementaire qui lui fait actuellement défaut.

2024 (2 avril) : Ousmane Sonko, leader du PASTEF − et jusqu’à la victoire du 24 mars 2024, de l’opposition – est nommé premier ministre par le président Bassirou Diomaye Faye. Le 5 avril, il présentera son gouvernement « de rupture » ambitionnant une « transformation systémique » du pays. Le 4 mai, en vertu de la règle de « non-cumul des mandats », il démissionnera de son poste de maire de Ziguinchor.

2024 (9 avril) : la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor (capitale régionale de la Casamance et ville dont est maire le leader du PASTEF au pouvoir et premier ministre Ousmane Sonko) est rétablie. Pour mémoire, elle a été suspendue sine die le 1er juin 2023 par l’ex-régime de Macky Sall officiellement pour des « raisons de sécurité », décision qui a eu des effets dévastateurs sur l’économie de la région enclavée, grenier du Sénégal. 

2024 (17 avril) : le président Bassirou Diomaye Faye ordonne la publication des rapports de la Cour des Comptes, de l’Inspection générale d’Etat (IGE) et de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) des cinq dernières années (2019, 2020, 2021, 2022 et 2023). 

2024 (8 mai) : dans l’optique de protéger le secteur de la pêche qui fait vivre plus de 600 000 personnes et traverse une crise profonde, le président Faye demande au gouvernement une évaluation des accords de pêche avec les pays étrangers et l’audit des 132 bateaux de pêche battant pavillon sénégalais, qui comptent notoirement de nombreux prête-noms d’opérateurs étrangers. 

2024 (28 mai) : jusqu’au 4 juin, près de 400 acteurs du secteur de la justice (magistrats, avocats, responsables de la société civile, universitaires…) se réunissent en assises nationales en vue de formuler des propositions de réforme du secteur confronté à de multiples dysfonctionnements. Le 4 juillet, ils soumettront 30 recommandations de réforme au président Bassirou Diomaye Faye. 

2024 (30 mai) : le président Faye achève la dernière étape d’une tournée régionale dans 10 pays d’Afrique de l’ouest : Mauritanie (18 avril), Gambie (20 avril), Guinée-Bissau (30 avril), Côte d’Ivoire (7 mai), Nigéria (16 mai), Ghana (17 mai), Cap-Vert (24 mai), Guinée (24-25 mai), Burkina Faso (30 mai) et Mali (30 mai). Au nombre des sujets d’intérêt commun abordés figurent la sécurité, la coopération économique, la question monétaire et le retour des pays sahéliens au sein de la CEDEAO. 

2024 (7 juillet) : lors du sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO à Abuja, le président Bassirou Diomaye Faye est désigné par ses pairs facilitateur du dialogue avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces trois pays dirigés par des juntes (Burkina Faso, Mali et Niger) ont quitté la CEDEAO le 28 janvier 2024 en raison des sanctions qui leur étaient imposées et qu’ils estimaient être téléguidées par la France. 

2024 (19 août) : dans le but de défendre les intérêts du Sénégal, le premier ministre Ousmane Sonko installe une commission chargée de réexaminer les contrats stratégiques signés par l’État sous la présidence de Macky Sall, notamment dans les secteurs minier, pétrolier et gazier ; elle est composée d’experts juridiques, fiscaux et techniques.

2024 (2 septembre) : depuis le Maroc où il vit désormais, l’ex-président Macky Sall dissout la coalition politique Benno Bokk Yakaar (BBY, au pouvoir pendant 12 ans) afin de se « réorganiser pour mieux engager les défis du moment » (autrement dit, les législatives anticipées à venir). BBY regroupait l’Alliance pour la République (APR, présidé par Macky Sall), l’Alliance des forces de progrès (AFP) et le Parti socialiste (PS). 

2024 (12 septembre) : le président Bassirou Diomaye Faye annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la date des élections législatives anticipées, fixée au 17 novembre 2024. L’intention de l’exécutif est de conquérir une majorité parlementaire, qui lui fait actuellement défaut, afin de pouvoir mettre en œuvre le programme de gouvernement sur la base duquel il a été élu à la présidentielle du 24 mars 2024.

2024 (23 au 25 septembre) : dans la perspective des élections législatives anticipées, la création de nouvelles coalitions d’opposition est annoncée : Takku Wallu Senegal ; Jamm Ak Njariñ ; et Samm Sa Kaddu. Takku Wallu Senegal regroupe notamment l’Alliance pour la République (APR, de l’ex-président Macky Sall), le Parti démocratique sénégalais (PDS, de l’ex-président Abdoulaye Wade) et Rewmi (de l’ex-premier ministre Idrissa Seck) ;  le 1er octobre 2024, Macky Sall sera désigné tête de liste de la coalition Takku Wallu Senegal. Jamm Ak Njariñ regroupe notamment la Nouvelle responsabilité (parti tout récemment créé et dirigé par l’ex-premier ministre Amadou Bâ, candidat de l’ex-coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY) à la présidentielle du 24 mars 2024), l’Alliance des forces de progrès (AFP, de l’ex-premier ministre Moustapha Niasse) et le Parti socialiste (PS, d’Aminata Mbengue Ndiaye). Samm Sa Kaddu regroupe notamment le Parti de l’unité et du rassemblement (PUR, du guide religieux Moustapha Sy) et Taxawu Senegal (de l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall).

2024 (26 septembre) : à l’occasion d’un point de presse sur les conclusions de l’audit des finances publiques, le premier ministre Ousmane Sonko accuse l’ex-régime de Macky Sall de « corruption généralisée » et de falsification des comptes publics. Pour sa part, le ministre de l’Économie précise notamment que la dette de l’État atteignait dans la réalité 83,7% du PIB fin 2023, au lieu du chiffre officiel de 73,6 %. En conséquence, le 4 octobre 2024, l’agence de notation américaine Moody's abaissera la note du Sénégal à B1.

2024 (17 novembre) : au terme d’une campagne électorale marquée par des tensions, le parti PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) mené par le premier ministre Ousmane Sonko rafle à lui seul 130 sièges (78 %) sur les 165 de lAssemblée nationale, l’emportant dans 40 des 46 départements du pays et 7 des 8 circonscriptions de l’étranger. En deuxième position avec 16 sièges (contre 83 dans la législature précédente pour la coalition Benno Bokk Yakaar à laquelle elle a succédé), arrive la coalition Takku Wallu Senegal conduite par l’ex-président Macky Sall (…depuis l’étranger, par crainte d’ennuis judiciaires notamment pour des crimes de sang et économico-financiers présumés). Les coalitions Jamm Ak Njariñ, menée par l’ex-premier ministre Amadou Bâ, et Samm Sa Kaddu, menée par le maire de Dakar Barthélémy Dias, emportent 7 et 3 sièges, respectivement. La participation s’élève à 49,72 % (contre 46,60 % en 2022).




La présente chronologie politique du Sénégal depuis l’indépendance a été compilée par Initiative sur l’Afrique de l’Ouest (iAO / iWA).

Contact : initiativewa@gmail.com


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