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IV. Wade au pouvoir (2000 – 2012) : les attentes de changement cruellement déçues

Abdoulaye Wade, président de la République de 2000 à 2012


2000 (1er avril) : Abdoulaye Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS) est investi président de la République. Il aura été élu après quatre tentatives infructueuses (en 1978, 1983, 1988 et 1993).

2001 (22 janvier) : une révision constitutionnelle par référendum réduit la durée du mandat présidentiel de sept ans à cinq ans, limite à deux le nombre de mandats et habilite le président de la République à dissoudre l’Assemblée nationale (celle-ci sera ainsi dissoute le 5 février 2001) ; mais, le septennat sera rétabli le 21 octobre 2008. En plus, la révision supprime le Conseil économique et social et le Sénat ; mais, le Sénat sera rétabli le 12 février 2007.

2001 (3 mars) : la juriste Mame Madior Boye est la première femme nommée au poste de Premier ministre au Sénégal. Elle sera limogée le 4 novembre 2002, suite à la tragédie du naufrage du Joola le 26 septembre 2002.

2001 (29 avril) : la coalition Sopi (qui soutient le président Wade) arrive en tête des élections législatives (49,59 % des voix et 89 sièges sur 120, contre 11 pour l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse et 10 pour le Parti socialiste (PS) d’Ousmane Tanor Dieng). La participation est de 67 %.

2001 (23 octobre) : le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), dont le président Abdoulaye Wade est l’un des principaux promoteurs (avec ses homologues algérien A. Bouteflika, nigérian O. Obasanjo et sud-africain T. Mbeki), est officiellement lancé à Abuja.

2001 (20 décembre) : l’ancien président de la République (de 1960 à 1980) Léopold Sédar Senghor meurt, à l’âge de 95 ans, à Verson en France.

2001 (21 décembre) : le protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, instrument juridique de référence sur le Continent, est adopté à Dakar par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO.

2002 (12 mai) : aux élections régionales, municipales et rurales, la coalition au pouvoir (CAP 21) remporte 9 des 11 régions et les villes principales ; l’abstention est élevée.

2002 (26 septembre) : le naufrage du Joola, ferry d’une capacité de 550 passagers desservant la région de Casamance, fait plus de 2 000 morts (608 corps repêchés) selon les associations et 64 rescapés. La tragédie nourrira dans l’opinion une colère durable à l’endroit des pouvoirs publics en raison de l’impunité des responsables. La région sera privée de liaison maritime pendant trois ans.

2004 (21 avril) : Idrissa Seck est limogé du poste de Premier ministre, qu’il occupe depuis le 4 novembre 2002 et qui est confié à Macky Sall, alors ministre de l’Intérieur. Le 3 août 2004, l’Assemblée nationale votera sa mise en accusation pour malversations financières liées aux chantiers de la ville de Thiès dont il est maire. Il sera placé en garde à vue le 16 juillet 2005, puis en détention provisoire le 23 juillet, pour des accusations autrement plus graves d’ « atteinte à la défense nationale et à la sûreté de l’État », avant d’être libéré le 7 février 2006. Il paie sans doute le prix de son ambition de succéder au président Wade, qui aura près de 81 ans en fin de mandat.

2004 (10 décembre) : l’Assemblée nationale adopte la loi portant abolition de la peine de mort, qui sera promulguée le 28 décembre 2004.

2005 (11 mai) : la Commission électorale nationale autonome (CENA) est créée pour contrôler et superviser les opérations électorales et référendaires.

2007 (25 février) : âgé de près de 81 ans, le président Abdoulaye Wade est réélu au premier tour de la présidentielle (55,90 % des voix, devant Idrissa Seck de Rewmi 14,92 % et Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste (PS) 13,56 %). La participation est de 70,62 %.

2007 (3 juin) : la coalition Sopi 2007 (qui soutient le président Wade) remporte les élections législatives (69,21 % des voix et 131 sièges sur 150), boycottées par les principaux partis d’opposition en raison du refus, par le gouvernement, d’un audit préalable du fichier électoral. Le taux de participation n’est que de 34,75 % (67 % en 2001).

2008 (21 octobre) : une loi constitutionnelle porte la durée du mandat du président de la République de cinq ans à sept ans ; et, inversement, la durée du mandat des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat de cinq ans à un an.

2008 (9 novembre) : le président de l’Assemblée nationale, Macky Sall, est démis de ses fonctions par une résolution. La raison ? Le 4 octobre, l’intéressé a avalisé l’audition du fils du président de la République, Karim Wade, soupçonné de malversations financières liées au sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) tenu à Dakar en mars 2008.

2009 (22 mars) : aux élections municipales et rurales, la coalition Sopi du président Wade perd plusieurs grandes villes, dont la capitale Dakar, jamais contrôlée par un parti d’opposition et convoitée par son fils Karim Wade en guise de tremplin pour la présidentielle de 2012 (Benno Siggil Senegaal, coalition de l’opposition, y remporte 13 mairies d’arrondissement sur 19 contre seulement 3 pour Sopi 2009, coalition formée autour du parti au pouvoir et menée par Karim Wade). La participation est d’environ 50 % à l’échelle nationale.

2009 (24 mai) : vaste concertation politico-citoyenne lancée le 1er juin 2008, les Assises nationales rendent leur rapport, qui dresse un état des lieux complet du Sénégal au plan politique, social et économique et propose une charte de la gouvernance démocratique.

2009 (fin août) : des pluies diluviennes suivies d’inondations affectent des centaines de milliers de personnes, notamment à Dakar ; le phénomène est devenu récurrent d’une année sur l’autre.

2010 (19 février) : le porte-parole de la présidence sénégalaise annonce la fermeture prochaine des bases militaires françaises au Sénégal, ce que confirmera le président Wade en personne le 3 avril, veille du cinquantenaire de l’indépendance. Cependant, l’annonce ne sera pas suivie d’effet.

2011 (6 avril) : Rufisque est le théâtre d’une immolation par le feu, après deux autres survenues à Dakar les 18 et 25 février. Ces gestes inédits au Sénégal ne sont pas sans rappeler celui survenu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, en Tunisie, événement déclencheur de la révolution tunisienne et du « Printemps Arabe » qui emporteront les régimes de Zine el-Abidine Ben Ali, Mouammar Kadhafi et Hosni Moubarak.

2011 (9 juin) : le président Wade se rend à Benghazi, « capitale » de l’insurrection armée libyenne parrainée par des pays occidentaux, au premier rang desquels la France, pour demander le départ du pouvoir de Mouammar Kadhafi, qu’il qualifiait pourtant six mois plus tôt, le 14 décembre 2010 à Dakar, de « compagnon de lutte pour l’édification des États-Unis d’Afrique ».

2011 (23 juin) : face à une mobilisation populaire inédite, le président Wade renonce in extremis à son projet de loi fixant à 25 % le seuil de voix requises pour élire, dès le premier tour, un « ticket présidentiel » composé d’un président et d’un vice-président, et visant manifestement à permettre une dévolution de pouvoir au profit de son fils Karim dans un scénario de démission du président de la République avant le terme d’un prochain mandat. Néanmoins, le président Wade se fera investir candidat à un troisième mandat, par son parti, le 23 décembre 2011.

2011 (24 juin) : le Mouvement du 23 juin (M23), regroupant des partis politiques et des organisations de la société civile, est créé pour faire barrage à un troisième mandat du président Wade.

2011 (28 juin) : alors que le Sénégal est en proie à une aggravation insupportable des coupures d’électricité depuis des mois, des émeutes de protestation éclatent à Dakar et dans plusieurs autres villes.

2012 (27 janvier) : la candidature du président sortant Abdoulaye Wade est validée par le Conseil constitutionnel. Les violences préélectorales liées à la contestation de cette candidature causeront sept morts, selon Amnesty International.

2012 (25 mars) : après un ballottage au premier tour du 26 février (34,81 % et 26,58 %, respectivement, devant Moustapha Niasse de l’Alliance des forces de progrès 13,20 %, Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste 11,30 % et Idrissa Seck de Rewmi 7,86 %), le président sortant Abdoulaye Wade âgé de près de 86 ans est battu par Macky Sall au second tour de l’élection présidentielle (34,20% et 65,80 %, respectivement) ; la participation est de 51,38 % puis 55,00 %. Il félicite le soir même son adversaire, geste qui redore l’image de la démocratie sénégalaise.


Les ambitions proclamées par Abdoulaye Wade pour le Sénégal auront pâti d’une gouvernance pour le moins peu orthodoxe, notoirement marquée par le népotisme, la corruption et la versatilité.



La présente chronologie politique du Sénégal depuis l’indépendance a été compilée par Initiative sur l’Afrique de l’ouest (iAO / iWA).

Contact : initiativewa@gmail.com


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