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III. L’ère Diouf (1981 – 2000) : l’avancée du pluralisme politique et médiatique

Abdou Diouf, président de la République de 1981 à 2000 (photo prise en 2006)


1981 (1er janvier) : conformément à la Constitution, le Premier ministre Abdou Diouf succède au président Senghor démissionnaire.

1981 (6 mai) : une révision constitutionnelle par voie législative rétablit le pluralisme politique intégral.

1981 (30 juillet) : en visite à Londres, le président gambien Dawda Jawara est renversé par un coup d’État, mais sera rétabli le 6 août par une intervention des forces armées du Sénégal. Le bilan du putsch avorté en Gambie s’élèvera à plusieurs centaines de morts.

1982 (1er février) : le traité établissant la Confédération de la Sénégambie entre en vigueur ; la Confédération sera dissoute le 30 septembre 1989 à la demande du Sénégal, en raison de divergences d’intérêts entre les deux pays.

1982 (26 décembre) : une marche de protestation contre la marginalisation de la région de la Casamance fait l’objet d’une répression meurtrière, suite à quoi le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), né quelques mois plus tôt en reprenant la dénomination d’un ancien parti politique créé le 4 mars 1947, optera pour le séparatisme et la lutte armée. Malgré plusieurs accords de paix et trêves, une accalmie durable n’interviendra dans la région que trois décennies plus tard, en 2012. Entretemps, le MFDC se sera scindé en deux directions politiques et trois branches armées.

1983 (27 février) : le président Abdou Diouf est élu au premier tour (83,88 % des voix) et le Parti socialiste (PS), auquel il appartient, remporte les élections législatives (79,92 % des voix et 111 sièges sur 120, contre 8 pour le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade). La participation est de 56,7 % à la présidentielle et 56,2 % aux législatives.

1986 (7 février) : Cheikh Anta Diop, scientifique, historien et universitaire de renommée internationale, reconnu comme l’auteur africain ayant exercé le plus d’influence sur le XXe siècle, par ailleurs homme politique, meurt à Dakar.

1988 (28 février) : le président Diouf est réélu au premier tour (73,2 % des voix) et son parti, le PS, remporte les élections législatives (71,34 % des voix et 103 sièges sur 120, contre 17 pour le PDS). La participation est de 58,76 % et 57,87 %, respectivement. Une bipolarisation de la vie politique se dessine. Après les émeutes ayant suivi l’annonce des résultats, l’état d’urgence sera proclamé et le principal opposant, Abdoulaye Wade du PDS, sera emprisonné le 29 février, avant d’être libéré le 11 mai 1988.

1989 (9 avril) : suite à un énième incident frontalier (le meurtre de deux paysans sénégalais par des garde-frontières mauritaniens), des violences interethniques éclatent au Sénégal et en Mauritanie, causant, de part et d’autre, des centaines de morts et de mutilés, d’innombrables actes de pillage et de spoliation et quelque 250 000 réfugiés et déplacés internes au fil des semaines suivantes. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rompues le 21 août 1989 et ne seront rétablies que le 23 avril 1992. La frontière sénégalo-mauritanienne sera rouverte le 2 mai 1992.

1991 (8 avril) : à l’instar d’autres opposants, Abdoulaye Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS) fait son entrée dans un gouvernement d’union nationale, qu’il quittera le 19 octobre 1992 pour préparer l’élection présidentielle de février 1993.

1991 (6 octobre) : une révision constitutionnelle par voie législative porte la durée du mandat présidentiel de cinq ans à sept ans.

1993 (21 février) : le président Diouf est réélu au premier tour (58,40 % des voix) et le Parti socialiste (PS), auquel il appartient, remportera les élections législatives le 9 mai 1993 (56,56 % des voix et 84 sièges sur 120, contre 27 pour le Parti démocratique sénégalais (PDS)). La participation est de 51,46 % et 40,74 %, respectivement. La bipolarisation de la vie politique et le déclin graduel du parti présidentiel, au pouvoir depuis plus de trois décennies, se confirment.

1993 (15 mai) : alors qu’il s’apprête à proclamer les résultats des élections législatives, Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel, est abattu sans que l’identité des commanditaires de l’acte ne soit jamais officiellement établie. Un temps mis en cause à l’époque, Abdoulaye Wade (leader du PDS), qui deviendra président de la République le 1er avril 2000, graciera les trois meurtriers le 26 février 2002 ; ensuite, le 7 janvier 2005, sa majorité parlementaire votera une loi d’amnistie couvrant cette affaire.

1994 (11 janvier) : le franc CFA est dévalué de 50 %. Le 16 janvier, de violentes manifestations de mécontentement à Dakar feront huit morts dont six policiers. Le 18 janvier, plusieurs leaders de l’opposition dont Abdoulaye Wade du PDS seront écroués pour « atteinte à la sûreté de l’État », avant d’être libérés le 5 juillet.

1995 (15 mars) : cinq membres du Parti démocratique sénégalais (PDS, principal parti d’opposition), dont Abdoulaye Wade, entrent au gouvernement, qu’ils quitteront le 21 mars 1998 pour préparer les législatives de mai 1998 et la présidentielle de mars 2000.

1996 (9 janvier) : la Chine rompt ses relations diplomatiques avec le Sénégal, qui a officiellement reconnu Taïwan le 3 janvier. Ces relations seront rétablies le 25 octobre 2005, soit près de neuf ans plus tard, sous la présidence d’Abdoulaye Wade.

1996 (24 novembre) : les élections régionales, municipales et rurales voient la participation des partis d’opposition dont le PDS, après le boycott des éditions de 1984 et 1990.

1998 (avril) : Djibo Leyti Kâ, un des piliers, quitte le Parti socialiste (PS) pour créer l’Union pour le renouveau démocratique (URD). Moustapha Niasse, autre pilier, fera de même en juin 1999 pour créer l’Alliance des forces de progrès (AFP).

1998 (24 mai) : le Parti socialiste (PS) du président Diouf, remporte les élections législatives (à peine 50,19 % des voix mais 93 sièges sur 141, contre 23 pour le Parti démocratique sénégalais (PDS) et 11 pour l’Union pour le renouveau démocratique (URD) de Djibo Leyti Kâ, un dissident du PS). La participation n’est que de 39,20 %.

1998 (8 juin) : pour faire échec à une mutinerie au sein de l’armée en Guinée-Bissau, le Sénégal y envoie 1 300 soldats, qui seront remplacés en mars 1999 par l’ECOMOG, force de la CEDEAO. Le président João Bernardo Vieira sera néanmoins renversé par les mutins le 7 mai 1999.

2000 (19 mars) : à la tête du pays depuis un peu plus de 19 ans, le président Abdou Diouf est battu au second tour de l’élection présidentielle (41,51 % des voix, contre 58,49 % pour Abdoulaye Wade), après avoir été mis en ballotage au premier tour du 27 février (41,30 %, contre 31,01 % pour A. Wade). La participation s’élève à 60,75 % (62,23 % au premier tour). Le président Diouf félicitera son adversaire Abdoulaye Wade le lendemain, geste qui consolidera l’image du Sénégal à l’international.


Abdou Diouf aura su ouvrir le jeu politique et l’espace médiatique et préserver la stabilité du pays face aux périls aux frontières. Toutefois, il n’aura pas réussi à juguler les grands défis économiques (faible diversité sectorielle, dette, fluctuation des cours des matières premières, sécheresse récurrente, invasions de criquets…) et sociaux (sévère déficit d’emplois créés pour les jeunes, qu’ils soient diplômés ou pas, et exode rural).



La présente chronologie politique du Sénégal depuis l’indépendance a été compilée par Initiative sur l’Afrique de l’ouest (iAO / iWA).

Contact : initiativewa@gmail.com


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