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II. Le régime senghorien (1960 – 1980) : l’hégémonie du parti présidentiel

Léopold Sédar Senghor, président de la République de 1960 à 1980, prêtant serment à Dakar le 9 décembre 1963

1960 (4 avril) : la Fédération du Mali regroupant la République du Soudan et la République du Sénégal signe les accords sur l’indépendance avec la France, et accèdera à l’indépendance le 20 juin 1960.

1960 (20 août) : en raison de divergences entre les dirigeants sénégalais et leurs homologues maliens, les députés sénégalais votent l’indépendance de la République du Sénégal. En ce qui concerne le Sénégal, les pouvoirs exécutifs sont alors partagés entre le président de la République, Léopold Sédar Senghor, et le président du Conseil des ministres, Mamadou Dia, dans un régime bicéphale de type parlementaire.

1960 (30 novembre) : le gouvernement dissout l’Union nationale des travailleurs du Sénégal (UNTS), suite à un appel à la grève jugé « illégal » en période d’état d’urgence. D’autres organisations syndicales subiront le même sort sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, notamment le Syndicat des enseignants du Sénégal (SES), le 12 mars 1973, pour activité jugée constitutive d’un « complot communiste ».

1960 (années) : les partis d’opposition sont, l’un après l’autre, exclus de la vie politique. Par exemple, le Bloc des masses sénégalaises (BMS), créé par Cheikh Anta Diop en juillet 1961, est interdit le 14 octobre 1963 ; le Front national sénégalais (FNS), créé le 3 novembre 1963 pour lui succéder, sera interdit le 13 octobre 1964 ; puis, le Rassemblement national démocratique (RND), créé le 6 février 1976 pour lui succéder, ne sera reconnu que le 18 juin 1981, après le départ du président Senghor.

1961 (19 mai) : prennent fin les fonctions de « ministre conseiller », exercées depuis le 23 juillet 1959 au sein du gouvernement Michel Debré en France, du président sénégalais Léopold Sédar Senghor – à l’instar des présidents ivoirien Félix Houphouët-Boigny et malgache Philibert Tsiranana.

1962 (18 décembre) : suite à une crise politique, le président du Conseil des ministres Mamadou Dia et quatre ministres sont arrêtés à l’initiative du président de la République Léopold Sédar Senghor, traduits devant la Haute Cour de justice et, à l’issue d’une procédure sujette à caution, condamnés à la perpétuité pour le premier, 20 ans de prison ferme pour trois autres et 5 ans pour le dernier, le 13 mai 1963. Ils ne seront graciés par le président Senghor et libérés que le 27 mars 1974.

1963 (7 mars) : une nouvelle Constitution adoptée par référendum, qui instaure un régime présidentiel, est promulguée.

1963 (1er décembre) : ce jour d’élections présidentielle et législatives, la répression d’une manifestation populaire à Dakar se solde par un bilan officiel de 40 morts et 250 blessés ; en effet, les partis d’opposition, coalisés au sein de Démocratie et unité sénégalaise, protestent contre leur quasi-exclusion de la première élection présidentielle au suffrage universel direct au Sénégal en raison de l’obligation faite à tout candidat d’obtenir le parrainage de 10 députés alors que tous les députés appartiennent à l’UPS au pouvoir et refusent de parrainer un candidat de l’opposition.

1966 (14 juin) : le Sénégal entre dans l’ère du parti unique de fait, après la fusion de l’Union progressiste sénégalaise (UPS) au pouvoir avec le Parti du rassemblement africain (PRA)-Sénégal d’Amadou-Mahtar M’Bow, alors seul parti d’opposition toléré.

1967 (22 mars) : le président Senghor échappe à un attentat ; l’auteur sera condamné à la peine de mort et exécuté le 29 juin 1967.

1968 (30 mai) : suite à un mouvement de contestation sans précédent d’étudiants, lycéens et travailleurs amorcé le 18 mars 1968, le gouvernement décrète l’état d’urgence et prend des mesures radicales (maintien de l’ordre confié à l’armée, renfort de l’armée française demandé, un millier d’étudiants étrangers expulsés, plus de 350 étudiants sénégalais internés en camp militaire, etc.).

1970 (26 février) : une nouvelle Constitution adoptée par référendum est promulguée ; elle modère un tant soit peu le caractère présidentiel du régime, notamment par la création d’un poste de Premier ministre, qui est confié à Abdou Diouf.

1971 (2 au 8 novembre) : mandatés par l’Organisation de l’unité africaine (OUA), le président Senghor et ses homologues Ahidjo (Cameroun), Gowon (Nigeria) et Mobutu (Zaïre) effectuent, à Tel Aviv et au Caire, une mission de conciliation entre Israël et l’Egypte.

1973 (11 mai) : Omar Blondin Diop, brillant intellectuel et activiste révolutionnaire de 26 ans, meurt à la prison de Gorée, des suites de coups et blessures ; l’homicide est maquillé par le gouvernement en « suicide par pendaison ».

1974 (29 mars) : le Sénégal et la France signent un nouvel accord de coopération en matière de défense, qui marque une continuité de la présence militaire centenaire de la France.

1974 (31 juillet) : Abdoulaye Wade crée le Parti démocratique sénégalais (PDS), d’orientation libérale, qu’il présente alors comme un parti de « contribution », et non d’opposition ; le parti est autorisé par le régime de Senghor.

1976 (19 mars et 6 avril) : une révision constitutionnelle par voie législative autorise trois partis politiques relevant obligatoirement et respectivement d’une de ces trois idéologies : la démocratie socialiste, la démocratie libérale et le communisme ou marxisme-léninisme. Ainsi, le Parti africain de l’indépendance (PAI), d’orientation marxiste-léniniste, sera autorisé à nouveau le 14 août 1976 ; créé le 15 septembre 1957, il a été interdit le 1er août 1960 et depuis lors contraint à la clandestinité.

1977 (20 et 21 avril) : la Conférence franco-africaine (initiée en 1973 et rebaptisée « Sommet Afrique-France » en 2010) tient sa 4ème édition à Dakar, en présence du président français Valéry Giscard d’Estaing.

1978 (26 février) : le président Senghor est réélu (82,20 % des voix), en affrontant pour la première fois un adversaire (Abdoulaye Wade, 17,80 %) ; la participation est de 63,12 %. Pour mémoire, Léopold Sédar Senghor a été élu initialement par l’Assemblée fédérale le 5 septembre 1960 (100 % des voix), puis réélu au suffrage universel le 1er décembre 1963 (100 % des voix, participation de 86,29 %), le 25 février 1968 (100 % des voix, participation de 94,69 %) et le 28 janvier 1973 (100 % des voix, participation de 96,99 %).

1978 (26 février) : aux élections législatives, l’Union progressiste sénégalaise (UPS) de Senghor obtient 83 sièges sur 100 (81,74 % des voix), contre 17 sièges (17,88 % des voix) pour le Parti démocratique sénégalais (PDS) ; la participation est de 62,24 %. Pour mémoire, l’UPS a obtenu la totalité des 80 sièges (94,20 % des voix) aux législatives du 1er décembre 1963 (participation de 89,86 %), la totalité des 80 sièges (100 % des voix) aux législatives du 25 février 1968 (participation de 93,03 %) et la totalité des 100 sièges (100 % des voix) aux législatives du 28 janvier 1973 (participation de 96,90 %). L’Union progressiste sénégalaise (UPS) changera de nom pour s’appeler Parti socialiste (PS) le 27 décembre 1978.

1978 (18 mars) : un sommet de réconciliation des régimes du Sénégal et de la Côte d’Ivoire (Léopold Sédar Senghor et Félix Houphouët-Boigny), d’une part, avec celui de la Guinée (Ahmed Sékou Touré), d’autre part, se tient à Monrovia, capitale du Liberia. Pour mémoire, le Sénégal a rompu ses relations diplomatiques avec la Guinée le 18 septembre 1973.

1980 (31 décembre) : le président Senghor démissionne après avoir dirigé le Sénégal pendant un peu plus de 20 ans ; cet évènement exceptionnel sur le Continent rehausse notablement l’image du pays à l’internationalLéopold Sédar Senghor mourra le 20 décembre 2001, à l’âge de 95 ans, à Verson en France.


Léopold Sédar Senghor laisse en héritage une tradition ancrée de présidentialisme et de clientélisme d’État, qui n’est pas spécifique au Sénégal dans l’Afrique post-coloniale de cette époque. Il n’aura guère fait avancer le Sénégal sur la voie de la sortie de l’économie de traite, par manque de vision et de volonté politique (notamment d’émancipation par rapport à l’ex-puissance coloniale). Le pays est alors en proie à des difficultés économiques et à des tensions sociales.


La présente chronologie politique du Sénégal depuis l’indépendance a été compilée par Initiative sur l’Afrique de l’Ouest (iAO / iWA).

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